Réalisation de coutures pour un bateau "préhisto-compatible" pour l'Association Koruc et mise en place sur sa structure en saule

Le principe de construction des bateaux de peaux, dans leurs différentes variantes, est d’assembler une armature légère destinée à jouer le rôle structurel et de la recouvrir d’une ou plusieurs peaux animales assemblées pour assurer l’étanchéité de la coque. Dans le monde, où ce type d’embarcation était courant, les peaux étaient fabriquées à partir d’un large éventail d’animaux terrestres et marins (bovidés, équidés, cervidés, morses, phoques). Des armatures tressées en vannerie (saule, noisetier, bambou), de bois flotté, de lattes fendues, d’os de mammifères marins, voire en bois de cervidés, sont répertoriées, certaines pouvant relever d’un assemblage composite. (texte association Koruc )


Vous pouvez agrandir chacune des petites images en cliquant dessus.


© Koruc/M. Philippe, 2022

© Koruc/M. Philippe, 2022

© Koruc/M. Philippe, 2022


L’armature de ce bateau est en saule (attesté dés le Paléolithique sur le littoral méditerranéen).  L’armature en saule a été tressée sous la conduite de Caroline Chauny, vannière. (texte association Koruc ) Tous nos remerciements  à Michel Philippe pour nous avoir permis d'utiliser ces documents relatifs aux étapes de la construction préliminaires  à notre arrivée.


Le 20 octobre 2021 Philippe Guillonnet de l'association Koruc, nous envoyait ce mail :

"Nous avons été sollicités par un musée pour réaliser un curragh (d'environ 4 mètres de long), constitué d'une armature en saule et d'environ 4 peaux crues de bisons. Nous aimerions bénéficier de votre expertise et de votre aide en nous formant à la couture de ces peaux et en nous aidant à la réalisation de ces coutures. Si vous pouvez fournir les matériaux pour réaliser des coutures archéo compatibles ce serait parfait […].
Nous avons répondu favorablement à cette demande, il aurait été possible de réaliser ces coutures avec des outils "préhistocompatibles", mais cela aurait nécessité beaucoup plus de temps, et comme nous étions très limités dans le temps nous avons opté pour l'emploi d'outils modernes.


Arrivés le 15 mars 2022, nous avons pu admirer des pirogues, l'une achevée , l'autre en cours de réalisation, devant chez Philippe. Nous  avons ensuite découvert la structure en saule réalisée par Caroline, Philippe et Jean ont déballé les peaux de bison, enfin Jean a placé une des peaux sur la structure.

Début de l'assemblage des peaux


Brèves vidéos : grattage de la peau avant couture et  couture des peaux de bison

Clic sur triangle central pour démarrer la vidéo, pour l'agrandir, clic sur YouTube sous la vidéo et non sur le carré  à côté, enfin pour les revoir  car elles ne durent que quelques secondes, clic sur la flèche arrondie à gauche du bas de la vidéo.



Un travail de longue haleine, trois peaux et demie  à assembler, une vingtaine de mètres de coutures à réaliser, point par point avec à chaque fois quatre épaisseur de peau à traverser, en extérieur lorsque le temps le permet, sinon sous abri et parfois en présence de visiteurs,  Caro, la vannière et Manu, un membre de l'association Koruk, spécialiste de la réalisation de pirogues monoxyles.


La structure en saule, dont les piquets étaient fichés dans le sol est désolidarisée

Les brins de saule réalisant la structure du bateau étaient fichés dans le sol, de chaque côté une planche avait été fixée pour empêcher tout éventuel écartement. Il a donc fallu enlever les planches et afin que la structure ne s'écarte pas, relier les brins avec de la ficelle, en faisant une rotation autour de chaque brin avant de la passer en face. Une fois ce travail effectué, on peut couper à leur base les brins fichés dans le sol .

On découvre la  structure

retrait de planches  latérales

Planches enlevées

 Ficelage de la structure

Tour autour des brins


le ficelage en cours

maintien assuré

on désolidarise

structure libérée du sol

d'un peu plus près


la structure peut maintenant être retournée puis placée sur les tréteaux


Trois des peaux de bisons sont assemblées puis déposées sur la structure mais elles ne couvrent pas l'intégralité de la structure, il faut rajouter une bande


Préparation de la dernière bande


Et le travail de couture continue point par point...


Préparation des lanières de fixation sous l'oeil de la caméra de l'équipe de France 5


Fixation des lanières


Le documentaire réalisé par France 5 devrait sortir cet automne


Après notre départ, avec la rétractation des peaux de bison en séchant, même si le bateau n'était pas destiné à la navigation, l'étanchéité du bateau n'était pas assurée, il a fallu calfater ce qui a été réalisé par Philippe Guillonnet.

Le bateau a finalement rejoint sa place en plein coeur de Marseille, à la villa de la Méditerannée

Tapie à l'ombre du Mucem, le Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, la Villa Méditerranée accueille, depuis le 4 juin 2022, ses premiers visiteurs qui partiront à la découverte de la réplique de la grotte Cosquer, un site unique au monde, mais malheureusement inaccessible au public. Son entrée est en effet immergée à 37 mètres de profondeur sous les eaux du Parc national des Calanques, près du cap Morgiou. La villa se destine à accueillir plus de 400.000 visiteurs par an !